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Jennifer Moreau - Conscience écologique des entreprises : greenwashing ou réalité ?

L’équipe de « Place au Débat ! » s’est associée à la Junior Conseil et Stratégie de Sciences Po Lyon pour une conférence sur le thème de la conscience écologique dans les entreprises du luxe le lundi 8 février 2021.



Jennifer Moreau, Head of Sustainability Strategy du groupe Kering nous a présenté les défis auxquels le luxe doit répondre en matière de développement durable.


 

Un secteur très polluant


La mode est un secteur polluant. Néanmoins, le monde du luxe, et de la mode plus largement, s’est engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique. Le lancement du Fashion Pact en 2019 témoigne de l'engagement des entreprises de ce secteur pour préserver l’avenir des nouvelles générations et des jeunes ou futurs consommateurs.


La stratégie environnementale du groupe Kering


Kering est un groupe de luxe mondial spécialisé dans l’habillement et les accessoires, comprenant des marques telles que Gucci ou Saint-Laurent et compte près de 38 000 collaborateurs à travers le monde. Fondé en 1962, le groupe se désengage petit à petit du secteur de la distribution spécialisée et de la vente à distance pour se concentrer sur le secteur du luxe et fait du développement durable une de ses lignes de conduite. Une stratégie qui s’est avérée payante puisque le magazine Challenges lui a remis le titre de “Champion du climat” en 2020.


Kering est la première entreprise du CAC 40 à développer une politique de protection de la biodiversité depuis juillet 2020 avec l’agriculture régénératrice pour les productions de cuir, cachemire, laine ou coton par exemple. L’engagement principal du groupe, annoncé dans le cadre de son deuxième chapitre d’objectifs de développement durable en 2017, est de réduire son empreinte environnementale de 40 % d’ici à 2025 et de 50 % toutes ses émissions de GES liées à ses propres activités et à sa chaine d’approvisionnement.


Reporting


La loi Grenelle II (2010) oblige les entreprises cotées en bourse et déclarant un chiffre d'affaires supérieur à 100 millions d'euros ou de masse salariale supérieure à 500 employés sont dans l'obligation de faire du reporting de Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) annuellement. Le reporting RSE est un document qui rend compte des actions et résultats en termes de responsabilité sociale, sociétale et environnementale d’une entreprise. En plus du reporting obligatoire, Kering a développé un « Compte de Résultat Environnemental (dit « EP&L ») », qui permet de mesurer l’empreinte du Groupe et d'orienter ses prises de décisions.


Traçabilité


Afin d’atteindre les objectifs fixés et réduire globalement son impact, le Groupe met en place des moyens lui permettant de renforcer la traçabilité des matières premières. Jennifer Moreau explique que sans cela, il est impossible de mettre en place une véritable politique environnementale. Kering ambitionne donc d'avoir une vision la plus précise possible de l’ensemble des acteurs de la chaîne de production et s’assure que ces derniers appliquent les standards Kering mis en place (relatifs au bien-être animal par exemple) et les standards internationaux (relatifs à l’extraction des diamants par exemple) .


Kering utilise également des méthodes et instruments innovants du type block-chain pour vérifier l’origine des matières premières. L’objectif est d’avoir une cartographie complète de la provenance des matières premières qui constituent un produit. Ces actions permettent également de renforcer la transparence de ses marques vis-à-vis des clients. Les consommateurs se révèlent en effet de plus en plus exigeants vis-à-vis des marques, réclamant plus de transparence quant à la fabrication des produits, d’une manière générale et tous secteurs confondus.


Compte de résultat environnemental


Pour mesurer et piloter ses émissions de carbone, le groupe Kering a développé un compte de résultat environnemental (EP&L, Environmental Profit and Loss account). L’EP&L mesure par exemple en détail, grâce à des indicateurs clé, l’impact des activités du Groupe sur l’environnement : les déchets, mais également la pollution de l’eau, par exemple. Ce type d’outil est encore peu appliqué par les entreprises, du fait notamment qu’il nécessite une collecte d’informations détaillées et denses, et des moyens humains capables d’assurer ce reporting, l’analyse et la transformation de ces données en valeur monétaire notamment. Chez Kering, au global, l’équipe développement durable est constituée de 25 personnes au niveau du Corporate.


"Le secteur du Luxe propose par essence des produits durables, puisque fabriqués avec des matières premières nobles et de très grande qualité."

Pour conclure, tous les experts s’accordent à nous donner 10 ans pour inverser la courbe du changement climatique. Kering travaille à ses enjeux depuis près de 15 ans et œuvre à transformer son business model pour répondre aux enjeux environnementaux de notre siècle. Dans le même temps, les attentes des clients se sont faites plus pressantes, réclamant davantage de transparence et de visibilité sur les actions des marques. Kering n’a pas attendu cette tendance pour agir, et certaines de ses Maisons ont déjà fait le choix de communiquer leurs actions de développement durable auprès de leurs clients. Par exemple, Gucci, etc.



Edouard Cabot

Corto Skierniewski




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