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Raphaël Glucksmann : Le profit avant les droits humains ?



Raphaël Glucksmann est un homme politique et intellectuel français, député au Parlement européen. Diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris, longtemps conseiller officieux auprès du Président géorgien Mikheïl Saakachvili, il lance son propre mouvement politique en octobre 2018 et l’intitule « Place Publique ». C’est avec ce mouvement qu’il fait campagne aux élections européennes de 2019, sur le thème de la crise sociale, économique, démocratique et écologique.

Il est l’un des premiers lanceurs d’alerte sur les répressions du gouvernement chinois menées contre les Ouïghours. Il dénonce depuis son arrivée dans les instances européennes l’inaction totale des gouvernements nationaux et la cécité de l’Europe sur la question. Il fait par ailleurs un discours particulièrement offensif au Parlement, ponctué de « J’accuse », qui invective directement les dirigeants européens et les responsables des grandes entreprises.



Commerce et droits humains


Pour Raphaël Glucksmann, il faut abandonner l’idée que le commerce est exempt de toute responsabilité en ce qui concerne les droits humains. C’est selon lui l'une des grandes faiblesses de l’Europe qui considère le commerce comme une sorte de Saint Graal auquel il ne faudrait pas toucher. Le commerce devrait au contraire servir nos principes, intérêts stratégiques et écologiques : il faut faire en sorte que tout ce qui permet à Nike ou Zara de faire de l’argent soit contrôlé par les instances de régulations grâce au travail parlementaire. Il faut responsabiliser les entreprises sur leurs chaînes de production.


"Les droits humains sont une fiction, mais c'est avec des fictions qu'on change le monde !"

Les droits humains sont certes un idéal qui ne sera jamais atteint, mais c’est un idéal qui doit nous guider. C’est une fiction qui doit nous permettre de critiquer l’action de nos propres gouvernements, et ceux des pays étrangers. Ils sont pour Glucksmann compatibles avec une économie de marché classique, mais ne le sont plus avec le capitalisme sauvage qui existe aujourd’hui. Le meilleur exemple reste la Chine, qui allie une économie libérale et un « capitalisme sauvage » avec un système concentrationnaire.


Le génocide des Ouïghours


Comment définir ce qui se passe avec les Ouïghours ? Dénomination de « génocide » ou pas, tous les éléments constitutifs du génocide sont présents selon Raphaël Glucksmann : alors maintenant, que fait-on ? En effet, les dirigeants chinois sont dans une optique de coût rationnel : ils continuent de mener leur politique envers les Ouïghours parce que cela ne leur coûte rien. Mais s’il y avait des sanctions, interdictions d’importation de certains produits sur le marché européen, les dirigeants chinois réévalueraient la politique à mener.


"Frapper au portefeuille montre qu'on est sérieux politiquement, à l'intérieur comme à l'extérieur"

Mais depuis quand et comment Raphaël Glucksmann a-t-il été mis au jour du problème ? Tout bascule pour lui au début de son mandat parlementaire ; il se voulait porteur de la « voix des sans voix ». Après un rendez-vous de quatre heures qui l’a particulièrement marqué et choqué avec une association, il prend mesure de l’immensité du crime et du silence de plomb qui le couvre. Il contacte son assistant et tente d’interpeller sur les réseaux. Cherchant à sensibiliser davantage, il essaie de convaincre les élites politiques de publiciser le problème, qui lui rétorquent que ça n’intéressera personne. Glucksmann constate ainsi une démission totale des élites, face à un engagement citoyen qui prend de l’ampleur. Il y a un mécanisme de silence qui s’est progressivement installé jusqu’à ce que l’intérêt du public soit clairement manifesté aux yeux du politique.


Quelle stratégie adopter ?


Pour Glucksmann, il faut responsabiliser les marques, interpeller les responsables européens, et mobiliser le public jeune parce que c’est le public cible des marques ; il faudrait selon lui vaincre le fatalisme (i.e l’idée qu’on ne peut rien faire face au géant chinois). Des solutions existent comme celles qui affectent durablement l’image de marque par exemple, le « shaming ».


Au niveau européen, il faut que les nations poussent l’Europe à agir concrètement contre le régime chinois. Les nations européennes ne doivent pas se reposer sur l'inaction de l'Union Européenne. Il ne faut pas partir du postulat que toute initiative politique sera inefficace, car sinon jamais rien ne sera entrepris.



Retrouvez l'intégralité de la conférence en vidéo

Mattéo Lanoë

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