top of page

KGB-DGSE - au cœur des services secrets



Mardi 26 octobre 2021, l’association Place au Débat ! a organisé sa quatrième conférence en présentiel, devant près de 240 étudiants, dans les locaux de Sciences Po Lyon. Nous avons eu le plaisir d’accueillir Serguei Jirnov et François Waroux, deux anciens espions du KGB et de la DGSE.


Les deux anciens espions sont revenus sur la réalité des services secrets français et soviétiques en pleine guerre froide. Le récit de leurs expériences professionnelles a permis à l’ensemble des étudiants présents de dénouer le vrai du faux sur les services de renseignement.


En début de conférence, les deux espions ont expliqué ce qui les avait amenés à intégrer les services de renseignement de leur pays respectif. Saint Cyrien, il quitte en 1977 son uniforme pour rejoindre le SDEC (équivalent de la DGSE aujourd’hui). Ce qui a motivé son choix était la possibilité de pouvoir « travailler dans l’illégalité avec l’accord de l’État ». Selon lui, travailler dans le renseignement consiste à « utiliser les faiblesses de l’humanité pour la trahir ». Serguei Jirnov a quant à lui rappelé que c’était sa grande maîtrise du français qui avait incité la direction du KGB à lui proposer (avec beaucoup de persuasion) des missions de renseignement sur le territoire français.

« Utiliser les faiblesses de l’humanité pour la trahir »

François Waroux a également souhaité rappeler que son statut officiel n’était pas celui d’espion, mais bel et bien celui d’officier traitant. Vu de l’extérieur, il a ironisé sur le fait qu’il était perçu comme « un salopard en costume de gentleman ». Ce fut l’occasion pour les deux espions d’en dire un peu plus sur le concept de légende : il s’agit d’une vie inventée de toutes pièces, construite autour d’une fausse identité et d’un faux métier. Pour Sergueï Jirnov, c’est la présentation d’une émission télévisée glorifiant la France et sa langue qui fut sa principale couverture. François Waroux a notamment insisté sur la difficulté à être une légende sur le long terme. À partir de plus d’un ou deux mois, la probabilité de commettre des maladresses augmente. Il explique aussi qu’on lui a parfois demandé d’entretenir des relations intimes avec des femmes, ce qu’il a toujours refusé. Cette anecdote a permis aux espions d’aborder la question de la difficile conciliation entre vie de famille et vie professionnelle. Ils avaient par exemple l’interdiction de dire à leur femme en quoi consistaient leurs missions à l’étranger. Par ailleurs, la vie d’un officier traitant n’est pas sans danger, Monsieur Waroux révèle ainsi avoir été victime de tentative d’empoisonnement (salade empoisonnée offerte).

« Un salopard en costume de gentleman »

Sergueï Jirnov nous a appris que les organisations internationales comme le siège de l'ONU à New York étaient de véritables nids à espions. Les espions ont aussi été questionnés sur leurs revenus. Selon eux, leurs salaires sont tout à fait convenables, mais en décalage par rapport aux mythes d’espionnage véhiculés dans les films.


Enfin, les deux anciens espions ont tenu à expliquer les différences fondamentales entre la DGSE et le KGB, l'une dans une démocratie, l'autre dans une dictature. Nous pouvons surtout retenir que le KGB fut le bras armé du Parti communiste. Pour intégrer le KGB, il était indispensable d’être membre du Parti et de ne revendiquer aucune religion. Serguei Jirnov nous a toutefois confié qu’il n’avait pas la foi communiste au moment où il a intégré le KGB. Au contraire, la DGSE s’intéressait peu aux partis politiques dont ses membres se revendiquaient.


L’ensemble de l’équipe de Place au Débat remercie chaleureusement Serguei Jirnov et François Waroux pour leur venue à Sciences Po Lyon, les étudiants pour leur participation ainsi que le personnel de Sciences Po Lyon pour le prêt des locaux et du matériel informatique.


À bientôt pour de nouvelles conférences !


Retrouvez l'intégralité de l'échange avec François Waroux et Serguei Jirnov en vidéo


Enzo LAVASTRE et Jeanne BUTRUILLE








Article

bottom of page