Géraldine Naja est polytechnicienne. Elle fait partie de l’European Space Agency (ESA) depuis 2005 où elle a occupé le poste de responsable des affaires institutionnelles. Depuis 2014, elle est cheffe du Département Politique Industrielle et Audits.
Jean-Yves Le Gall est docteur-ingénieur en optique. Il a été chercheur en astronomie au CNRS avant de rejoindre la direction générale de l’industrie au ministère de l’industrie. Il est nommé en 2013 président du Centre National d’Études Spatiales (CNES). Depuis le 16 mars 2017, il a été élu à l'unanimité président du Conseil de l’Agence spatiale européenne (ESA).
L'espace comme lieu de rivalités
L’espace est un milieu qui était inexploré il y a seulement 60 ans et c’est un aujourd’hui un élément incontournable dans nos vies quotidiennes. De la prévision météo à la défense, en passant par la géolocalisation, l’espace est partout. Selon Jean-Yves Le Gall, sur le plan écologique par exemple, c’est dans l'espace que les satellites ont pu mesurer concrètement les effets du dérèglement climatique, ainsi que les tempêtes, les feux de forêts et les inondations qui en découlent.
La rivalité dans l'espace est importante selon Jean-Yves Le Gall. La Chine est aujourd’hui un géant spatial. Historiquement, elle n’est que le 5e pays à lancer un satellite dans l’espace mais a depuis largement rattrapé son « retard » pour concurrencer les États-Unis.
"Le programme chinois d’exploration lunaire s’est concrétisé par la mission Chang’e 4 qui s’est posée sur la face cachée de la Lune en 2019."
Le projet de la Chine est d’envoyer sa propre station spatiale dans un futur très proche. Ils ont un projet de station lunaire dès 2030 qui fait écho au programme Artémis 38 de la NASA.
Une Europe qui se bat pour garder sa place sur le podium
Géraldine Naja nous explique qu'il y a des dynamiques New Space importantes depuis plusieurs décennies. Ce sont des initiatives privées qui investissent tous les domaines. Cela constitue une profonde mutation du secteur spatial. Ce sont des opportunités et des défis nouveaux dont notre continent est un peu absent. L’Europe peut faire valoir sa place, elle est au centre du jeu spatial. Le secteur spatial peut lui servir à renforcer le rôle, consolider sa souveraineté et maintenir une compétitivité au sein de ses industries spatiales.
"Malheureusement, les européens ont du mal à développer des start-up et à lancer des géants comme Elon Musk l’a fait avec SpaceX."
Géraldine Naja nous explique que L’Europe représente aujourd’hui 10% du lancement mondial, 16% des investissements publics dans le spatial alors que les États-Unis représentent à eux-seuls 58%. En dépit d’un budget parfois faible face à ses concurrents, l’Europe a connu d’immenses réussites ces dernières années. Elle est à la pointe dans de nombreux domaines aussi bien sur le plan technique qu’au niveau de ses talents. La mission de Thomas Pesquet qui commencera le 22 avril en est la preuve. Il sera le premier français à devenir commandant de l’ISS. Nous pouvons considérer que notre continent est aujourd’hui la deuxième puissance spatiale derrière les États-Unis et devant la Chine. La France et l’Allemagne sont en tête de file des puissances spatiales européennes.
Retrouvez l'intégralité du débat avec Géraldine Naja et Jean-Yves Le Gall en vidéo
Tom RICCIARDI
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