Bernard Guetta est député européen et journaliste, diplômé du CFJ. Après avoir présenté la chronique géopolitique de France Inter pendant 27 ans, de 1991 à 2018, il se présente aux élections européennes de 2019 sur la liste Renaissance, soutenue par la majorité présidentielle et menée par Nathalie Loiseau. Il élu député européen en mai 2019 et intègre le groupe Renew Europe. Il rejoint par ailleurs la Commission des affaires étrangères du Parlement européen.
Le manque d'incarnation de l'Union européenne
"Le sofagate pose une question importante : qui doit être l’acteur principal de l'UE sur la scène internationale ?".
Selon Bernard Guetta, le sofagate ravive un vieux débat au sein de l'Union : est-ce que c’est le conseil, c'est-à-dire la somme des États qui représente l'Union à l'extérieur, ou est-ce que c’est l’exécutif, à savoir la Commission comme le prévoient les traités ? Quoi qu'il en soit, au niveau de la communication, la règle européenne, c’est d'échouer. La rencontre d'Ankara n'est qu'un exemple de plus à ajouter à une longue liste d'échecs de communication de l'Union européenne. Nous avons des désaccords entre la Commission, le Conseil et le Parlement mais c’est une bonne chose. Nous ne sommes pas le parti communiste chinois. Nous sommes des institutions démocratiques.
À l’exception de Jacques Delors, il n’y a jamais eu de véritable incarnation de l’Union européenne. Il n’y a pas de voix européenne qui porte assez loin auprès des citoyens et des autres puissances mondiales, pour défendre les politiques menées. Lorsque l'on parle de l'Europe, on parle de Bruxelles mais Bruxelles c'est loin pour certains et pour d'autres, ce n'est que la capitale de la Belgique.
L'Europe comme bouc-émissaire
Selon Bernard Guetta, l’affaire des vaccins est parlante : les états membres ont toujours refusé de donner les moindre pouvoir sanitaire aux institutions européennes et aujourd'hui, les partis populistes tombent sur l'Europe à bras raccourcis. Ce n'est pas nouveau. Le Brexit en est l'exemple même. La campagne des Brexiters en 2016 s'est construite sur des mensonges, que ce soit au sujet de l'immigration ou encore de l'argent versé à l'Union.
"Aujourd'hui, les Britanniques sont sortis mais ils vont s'en mordre les doigts, ce qui m'attriste car je suis un grand anglophile."
Des réponses collectives aux enjeux contemporains
Il faut passer outre les délégations nationales selon le député. Il explique se sentir proche de députés d’autres nationalités. Les frontières politiques aujourd’hui sont artificielles car sur chaque sujets, il y'a des convergences entre des membres de mêmes partis. Il y a des aspirations, des couleurs politiques transnationales et un nouvel échiquier politique.
Sur le numérique par exemple, Bernard Guetta affirme que tout dépend de nous. Nous pouvons tout à fait avoir des inventions dont les brevets soient pris par une entreprise paneuropéenne. Il rappelle que nous sommes toujours le deuxième marché économique mondial derrière les États-Unis et juste devant la Chine. Sur la fiscalité, il croit en une harmonisation fiscale européenne. En 2008, lorsque les premières mesures ont été prises contre les paradis fiscaux, des choses ont changé en Europe, notamment au Luxembourg. Quand on aborde les vrais problèmes, on a des éléments concrets.
"J’aspire aux États-Unis d’Europe mais pas tout de suite. D'ailleurs je ne le verrai pas ... vous, peut-être".
Retrouvez l'intégralité du débat avec Bernard Guetta en vidéo
Tom RICCIARDI
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